La netteté des images partie 1 

  La stabilité

Par François Gauthier (La Prairie)

La netteté des images partie 1 :  la stabilité

On associe souvent la netteté des images à la résolution des boîtiers et des objectifs. Voici la première partie de 3. 

À l'époque du film, il y avait une règle pour compenser le mouvement de l'appareil tenu à main levée. On disait '' 1 sur la focale''. En clair, avec une normale 50 mm courante, prendre une vitesse d'au moins 1/50 seconde devait empêcher un flou involontaire sur une photo, dû au mouvement de l'appareil ou du sujet lors de la prise de vue. 

Bien sûr, ce n'était qu'un guide utile. Avec certains boîtiers à déclenchement doux ou avec une bonne technique de prise en main et de respiration, on pouvait diminuer cette limite de 1 ou même 2 stops. 

Ce qu'il faut comprendre ici, c'est qu'on peut très bien obtenir une image nette en basse vitesse, mais que le pourcentage de réussite va diminuer. Un exemple fictif serait 100% des images étant satisfaisantes au réglage prescrit, 70% à la moitié de cette dernière puis 20% au quart.  

La question est : est-ce encore valable en cette époque numérique ?

La réponse est oui ... mais pour un capteur de 12 mp (mégapixels). Autrement dit , on peut y appliquer l'ancienne règle telle qu'elle en plein format mais qu'il faut ajuster à l'angle de visée pour les autres . Je veux dire par là qu'il faut tenir compte du facteur d'équivalence découlant d'un capteur plus petit . En APS-C , un 35mm 'voit' comme un 50mm en plein format. En M43 (micro 4 tiers) , ce sera un 25 mm. Dans ces 3 cas , le calcul nous amène à une même vitesse de 1/50 sec. 


Bien sûr, les appareils d'aujourd'hui ont bien davantage de définition . Il s'agit alors d'adapter la règle avec un multiple de 12 mp. Pour un appareil courant de 24 mp, il faudra doubler la vitesse , donc un ajout de +1 (1 stop) . A 50 mp ce sera +2 et 100 mp +3 . Dans ce dernier cas , on parlera alors de 1/400 sec pour une 50mm ou son équivalent. On procédera ainsi pour pouvoir profiter du niveau de détail accru d'une plus grande résolution.

Il y a cependant une aide précieuse pour limiter ce qui deviendrait rapidement un problème en augmentant la focale et en diminuant les conditions de lumières : la stabilisation des objectifs et/ou des boîtiers. Cette fois, on diminue la vitesse nécessaire. 

Par exemple, avec un objectif stabilisé de 2 stops sur un boîtier non stabilisé de 24MP, on est à +1 -2 = -1, soit 1/25 sec. Pour notre 50mm. 

Prenons 2 exemples concrets pour voir où ça nous mène.

D’abord, le cas du Nikon D610 de 2013, un réflex plein format de 24 mp non stabilisé comme la majorité d'entre eux. La plupart des verres compatibles ne le sont pas non plus, notamment les af-D. 

Dans le menu, le réglage d'auto-iso permet non seulement d'imposer un minimum et maximum, mais aussi d'appliquer la règle en -2, -1, 0, +1 et +2. J'ai choisi +2 qui me permet d'obtenir 1/100s avec ma 24mm et 1/400s pour ma 100 mm macro, des vitesses qui sont aussi suffisantes pour figer des sujets en léger mouvement.  Mais avec des focales plus longues en basse lumière mon iso est plus élevé que souhaitable bien que les minimum et maximum ont préséance. Si cet usage était dominant, je serais à +1.   

L'avantage de ce type d'appareil est donc de pouvoir le paramétrer sans avoir à sortir de la combinaison priorité à l'ouverture / auto iso, en fait de pouvoir automatiser la règle. 

Ensuite le cas de l'Olympus Em10-ii de 2015, un sans miroir M43 de 16mp. C'est un boîtier stabilisé avec une efficacité prétendue de 4 'steps' sur 5 axes, c'est-à-dire pour toutes les directions de mouvement. Avec une 25 mm (équivalente à 50mm en plein format), il tente de maintenir une vitesse minimale de 1/60 sec. 

Il applique donc la règle en faisant abstraction de sa stabilisation sans possibilité de l'ajuster autrement qu'en contrôlant sa vitesse ou sa sensibilité manuellement, ce qui peut s'avérer utile pour favoriser un iso plus bas. En pratique, son auto-iso est semblable au +2 du D610 en ce sens qu'il surcompense un peu le bouger pour assurer une netteté irréprochable. 

Les fabricants vantent la stabilisation de leur boîtier avec des chiffres impressionnants de 5 stops et bien plus pour les modèles récents, en référence au 1 sur la focale mentionnée. Mais peut-on s'y fier ? 

Au départ, ce chiffre peut avoir été obtenu avec un objectif particulièrement efficace en combinant le boîtier dans des 'conditions optimales'. Il faut aussi mentionner que certains systèmes ont la capacité de combiner la stabilisation du boîtier avec celui de l'objectif si celui-ci est de ce type. En général, on peut carrément retrancher 3 marches de ces prétentions extravagantes. 

Un autre aspect important est qu'il faut distinguer une stabilité très efficace, sans perte de définition notable par rapport à un résultat tout juste acceptable. Sur ce point, les systèmes varient beaucoup. Il n'est pas rare de lire sur des groupes de discussion d'avoir réussi une vitesse de 1 ou 2 secondes avec son Olympus de série Em1, ii ou plus récent.  Ces appareils sont en effet les seuls qui y parviennent aussi lentement, mais sans sacrifier les fins détails, ils ne sont plus que dans la moyenne courante. 

La limite actuelle est d'environ 4 sauf pour les Sony plein cadre qui sont à la traîne.  Ce qu'il faut toutefois retenir, c'est que c'est très efficace et qu'on peut se fier à l'ancienne règle jusqu'à 2 stops en dessous même avec des boitiers qui commencent à dater de 24 MP ou moins. 

En conclusion, c'est un problème en partie réglé, mais il faut davantage porter attention aux mouvements même modérés des sujets. En rendant l'appareil stable à basse vitesse, tout ce qui bouge devient facilement flou. Cela inclut les effets du vent et les vagues en paysage, un domaine reconnu pour ses sujets 'statiques' ...

Il y a toutefois des menaces plus sournoises à la netteté qui seront traitées dans les 2 autres parties de cette série. 

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