Gabriel Dionne

Dépendance I

Dépendance II

Dépendance III

Dépendance IV

Dépendance V

Dépendance VI

Crédit photo: André Paul Therrien

Gabriel Dionne

J’aime capturer des images dans toutes sortes d’environnement. C’est parfois de l’architecture, des  réflexions ou des mouvements de fluides sur une surface qui donnent des figures abstraites permettant à l’observateur d’imaginer des personnages ou des événements mystérieux.

Dans cette exposition j’ai choisi de traiter d’un sujet qui touche la société. Dépendance présente 6 étapes de la progression lente d’une dépendance aux drogues médicamenteuses ou injectables. De la première absorption d’une substance telle qu’un opioïde le consommateur ressent un bien-être, une certaine légèreté. Puis il s’habitue à vivre dans une sorte de nuage jusqu’à se sentir attaché, pris dans une cage. Et la consommation s’accentue jusqu’à ce que tout bascule et attaque le cerveau pour un créer un chaos.

Le halo que l’on retrouve sur les photos sombres indique une sorte de tunnel dans lequel le consommateur s’enlise pour n’y voir que les éléments qui lui procurent le bonheur et les contraintes qui l’enchaînent avant de sombrer dans un cauchemar.


Je dois vous avouer que j’ai été très fortement ému par ces 6 photos.


Gabriel a réussi à traiter éloquemment de la dépendance aux médicaments avec une extrême sobriété contrairement à des œuvres en art contemporain telles que 

The fragile truth ( La vérité fragile;1997-98) de Damien Hirst, une immense armoire remplie de véritables médicaments 

et 

Lullaby Spring (Berceuse de printemps, 2002 )du même artiste, une armoire à pharmacie  métallique contenant   

 6136 pilules faites à la main et peintes individuellement.

Gabriel je mentionnerais qu’une seul œuvre pour ne pas alourdir le texte : Lullaby Spring.

L’accrochage en ordre croissant de 6 formats différents illustre de façon des plus efficaces le thème de la série de photos :

 la lente et longue progression de la dépendance aux médicaments psychotropes  et aux opioïdes. 


Pour les 4 premières photos, sur un fond très noir apparaît un flocon traversé par une lumière crue qui rehausse ainsi différentes substances, images métaphoriques de leurs effets physiques et émotionnels; l’avant dernière représente un amoncellement de contenants vides suggérant que l’utilisateur les aurait toutes consommées sur une très courte période.  



La dernière photo évoque avec une très grande force significative la situation assujettissante de laquelle la personne ne pourra peut-être plus s’échapper : son obsession de ressentir un bien-être, un certaine insouciance, qui la plonge dans un monde d’illusions et de désespoir. 


Le halo circulaire est utilisé ici non seulement comme une prouesse technique afin de concentrer notre regard sur l’objet photographié, 

mais bien pour symboliser, soit l’interprétation négative vis-à-vis des drogues médicamenteuses, déduite par le photographe à partir de la perception qu’il a vis-à-vis de celles-ci  ou bien encore illustrer l’incapacité de s’en désaccoutumer.


J’ose penser que ces mises en scènes des plus méticuleuses en studio auraient pu être utilisées dans le film Orange  mécanique de Stanley Kubrick  ou dans celui, de Darren Aronofsky, Réquiem pour un rêve, dans lequel on suit un junkie, qui passe ses journées en compagnie de sa petite amie et de son copain. En s'inventant un paradis artificiel et en recherchant une vie meilleure, le trio est entraîné dans une spirale infernale que la dernière photo de Gabriel évoque avec un grand talent artistique.